LE HASARD A DU CHIEN!

Publié le par Alain

Petites causes...

                                  « Comment je suis? » « Mais absolument impeccable mon vieux! Je ne t'ai jamais vu si beau! »

                                  En chemise blanche, cravate et costume gris, oeillet blanc à la boutonnière, Pascal, tétanisé, ne voit rien des gens qui l'entourent. Il perçoit la réflexion d'un de ses voisins: « Hé oui! Petites causes... grands effets! »

                                  Sourire. Voilà une phrase qui lui remet en mémoire événements et aventures qui l'ont, en partie, conduit à cette belle matinée de printemps!....

                                  Un relais routier juste à la sortie de Dijon! Le semi-remorque s'insinue sur le parking. Le chauffeur, les traits tirés, en descend difficilement, tombe à genoux... Le second conducteur, un tout jeune homme, fait le tour de la cabine: « Antoine, lève toi!... Ah! Nom d'un.... ». Il se précipite vers le relais: « Vite! Un docteur... ».

                                   « Oui patron! Antoine est à l'hôpital... Appendicite aigüe. Je suis avec lui! Qu'est-ce je dois faire?... » « On va s'occuper de lui. Continue le voyage! Te voilà routier en titre. Prend la suite Pascal, bonne route! ». Vingt-deux ans, tout juste trois mois d'expérience et, pour une ''petite cause'', chauffeur titulaire... Un bon souvenir, l'opération de son collègue s'étant bien passée!

                                    Trois années se sont écoulées. A Saint-Malo, dans un hangar plein de poussière et de bruit, Pascal et un routier allemand chargent des tonnelets d'engrais azotés pour le port de Kiel. Mille trois cent kilomètres plus loin et trente-huit heures plus tard les camions entrent sur les quais.

                                     « Bleiben sie nicht auf dem Weg! Arden sie entlang des Kais!... » (Ne restez pas sur le chemin! Rangez vous le long du quai!) « On va venir s'occuper de vous... » Le responsable du déchargement, débordé de travail, les parque un peu au hasard. Pascal se serre au bord du quai, le long camion-remorque allemand se place sur une rampe de mise à l'eau, le dernier essieu de la remorque en partie dans le plan incliné!

                                    Pascal avise, à une centaine de mètres, une saucisserie: « Si on allait déjeuner? » Sandwichs en main ils reviennent vers leurs véhicules d'où s'approche un gros docker en cotte bleue et casque jaune! Juste devant le bahut teuton l'homme s'arrête, éternue, pose la main sur la cabine... Poussée infime. Frein de parking défaillant, la lourde remorque, soudain déséquilibrée, commence à reculer...

                                    Course inutile du chauffeur allemand qui en a lâché sa saucisse. La remorque s'enfonce dans la mer, entraîne une partie de la cabine. Les portes s'ouvrent... Des tonnelets se mettent à dériver sur l'eau noire du port!

                          ''Petite cause!''... Pascal se réfugie derrière sa semi pour ne pas rire ouvertement devant l'ire toute germanique du chef docker!

                                    Chaunay, R.N.10. Une roue crevée oblige Pascal à un arrêt sur un parking au bord de la route à quelques pas d'une petite villa

                                    Avec un soupir résigné, Pascal sort cric, barre, manivelle et se met en devoir de changer la ''dégonflée''. Pas facile. Sa semi est une trois essieux à roue unique. Ces roues, très lourdes, sont de manipulation difficile.

                                    Retirer, remplacer, revisser le nouvelle roue, remettre tout en place demande un gros effort! Pascal, même s'il est solide n'est pas un hercule! Travail terminé il se laisse choir au sol, yeux clos, le dos appuyé sur un pneu! La chaleur de Juin accentue la fatigue.

                                    « Vous voulez boire un sirop bien frais? » Pascal sursaute, ouvre les yeux! Devant lui, souriante, une jeune fille, longue chevelure châtain, en tee-shirt et jeans, tient un pichet et des gobelets de carton.

                                   « Je vous ai vu depuis le jardin! » Elle désigne la villa voisine. « Mon père aussi conduit un camion! » Pascal se rafraîchit: « Merci c'est vraiment gen.... » il s'interrompt! « Vous avez entendu? » « Non! Quoi?... » Un geste de la main, Pascal saute dans le fossé qui borde le parking.

                                  Il en ressort avec ce qui fut un sac de sport, le pose au sol, l'ouvre!

Au fond du sac, gémissant, deux chiots s'agitent faiblement! « Ooh! Pauvres bêtes... Venez à la maison! Vite... »

                                  Peu après, les chiots, petites boules de poils qui déjà lèchent et mordillent le doigt qui les caresse, sont installés dans un panier douillet! « J'aimerai bien en avoir un! Mais ils sont bien petits » déclare Pascal « Je vais les élever. Revenez en chercher un, je garderai l'autre! » « Entendu! Je m'appelle Pascal! » « Et moi Blandine! ».

                                  Pour voir grandir son chien Pascal est revenu... souvent, très souvent! Ce qui a fait dire au père de Blandine: « Quand ce garçon vient voir son toutou, il devrait apporter un os plutôt que des fleurs! ».

                                  ....Pascal, perdu dans ses souvenirs, sent qu'on le pousse. Il prend alors conscience du costume gris et de l'oeillet blanc, de l'endroit ou il se trouve, les amis, les collègues, son patron... La future mariée de blanc vêtue... Il se dirige vers le grand bureau ou trône un gros homme ceint de tricolore... « Pascal voulez-vous épouser Blandine ici présente?... »

                                   ''Petites causes!...'' Au fond de la grande salle deux petits chiens remuent frénétiquement la queue! Il s'entend répondre: « Oui!... »

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C
Pour une fois, on peut dire merci à celui ou celle qui a abandonné les deux chiens alors qu'on aurait pu lui pêter la gu..le...C'est une belle histoire d'amour ça!<br /> Biz du Pays d'Auge<br /> Caro
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P
Oh que c'est beau, comme histoire, j'adore !!!!!! :0091:
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R
beaujour alain....<br /> cette histoire me le confirme.<br /> je suis persuadée que notre histoire personnelle est déjà écrite, et qu'à notre insue nous qui croyons être les maitres de notre avenir, nous jouons le jeu de notre vie.<br /> douce journée à toi<br /> <br /> pst... merci pour ton soutien, biensur que j'ai reçu ton mail, je l'ai même imprimé pour le relire à loisirs. oui, tu as raison, la famille est celle qui nous a élevée par le coeur, mais dans mon histoire il est des morceaux de vie qu'il me faut reconstituer pour être entière. je suis ainsi faite. <br /> mais vois-tu là c'est bon pour moi. j'en sais assez que je me sents entière cette fois.. bien sur, il y aura qq détails dont me parlera ma mère naturelle, mais le restant, l'histoire de l'abandon, "à l'insu de leur plein gré" ou pas,,,, ce n'est plus mon affaire, c'est eux seuls que cela regarde. je ne veux pas me faire partie pris. alors je préfère sauter cette étape qui de toute façon ne me ménerait guère plus loin. <br /> par contre je n'ai pas se sentiment de blessure (en tout cas je ne le ressents pas comme tel) car je sais que j'ai été aimé plus qu'il ne faut par mes parents adoptifs, toute leur famille, et que je découvre à travers les mots de ma mère naturelle, qu'elle aussi m'a aimée, le temps où nous avons été ensemble. alors vois-tu c'est plutôt ... en fait c'est ce que je dis aujourd'hui dans le 61...<br /> <br /> allé douce journée à toi et merci de ton soutien. tu es vraiment qq de bien, dommage que les km soient si longs... bises sincéres.
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K
j'aime bien ton histoire...
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T
Tu as de sacrés souvenirs dis donc !!<br /> <br /> Trop belle la photo des chiens !!
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